in memoriam Luc Bureau
À l’automne 2021, Moult Éditions reçoit un manuscrit intrigant signé Luc Bureau. Le texte, un peu baroque et grinçant à souhait, passe en revue à peu près tout ce que l’on peut dire de mal – et de juste – sur ce qui advient du territoire québécois. Habitués de la critique sans concession, cela nous a évidemment beaucoup plu. Mais qui était donc ce Luc Bureau qui allie avec talent le récit personnel et l’interprétation des textes classiques? Une brève recherche nous a permis de forger l’hypothèse suivante, rapidement confirmée après être entrés en contact avec le principal intéressé : Luc Bureau est un prof d’université retraité avec de nombreux ouvrages et prix à son actif. Pourquoi ne pas nous avoir soumis son long cv alors? Parce que l’on avait affaire à une personne humble, qui comprenait que faire jouer sa réputation n’était d’aucune utilité pour entrer en contact avec un groupe d’édition indépendante d’une autre génération. Ce dernier avait lu notre ouvrage Québec ville dépressionniste, y avait trouvé une vérité trop souvent ignorée et voulait nous rencontrer; il pensait que son dernier projet correspondait à l’esprit de Moult. Il ne s’est pas trompé. La rencontre a eu lieu, une véritable rencontre, c’est-à-dire une discussion entre deux univers différents. Nous avons été vivifiés et ravis et nous avons entamé le projet de publication.
Malheureusement, nous n’aurons pas la chance de célébrer avec lui la sortie de l’ouvrage. Au moment de mettre le projet sous presse, nous avons appris la mort soudaine de Luc Bureau le 2 mars 2023. Un sentiment de tristesse et de consternation nous a envahis. Après une brève discussion avec son épouse, nous avons convenu de poursuivre l’édition de ce livre auquel il tenait. Nous la remercions pour sa gentillesse et sa confiance. Nous offrons nos pensées à toute la famille ainsi qu’aux amis et anciens collègues de Luc Bureau.
C’est donc le vague à l’âme que nous annonçons que Le Québec défiguré sera publié dans les prochains mois à titre posthume, un livre qui peut être considéré comme l’ultime cri du cœur d’un amoureux de la Terre.